Extrait du livre écrit par Gichin Funakoshi " karate dô kyôhan "

KATA 型


C'est une tâche sans fin que de chercher à distinguer les diverses écoles et les différents styles de Karaté. De même que pour le kendô et le jûdô d'antan, ces divers styles et écoles sont connus par le nom des propriétaires des dôjô respectifs où ils sont enseignés. Dans tout le Budô et pas seulement en karate, l'interprétation de l'art par ceux qui s'entraînent varie suivant l'interprétation de leurs instructeurs. De plus, li va sans dire que des variations d'expression sont caractéristiques de chaque individualité. Néanmoins, si les kata doivent être classés, on peut de manière très générale distinguer deux grands groupes: ceux appartenant à Shoreï-ryu (école Shorei) et ceux appartenant à Shorin-ryu (école Shorin). La première met l'accent sur le développement de la force physique et de la puissance musculaire; elle est frappante de par l'impression de force qu'elle dégage. Par contre, l'école Shorin est très légère et très rapide, avec des mouvements très prompts vers l'avant et vers l'arrière, qui ne sont pas sans rappeler le vol vif du faucon.

Les kata de tekki ainsi que jutte, hangetsu et jion, entre autres, appartiennent à l'école Shoreialors que les kata de heian, bassai, kanku, enpi, gankaku et d'autres sont apparentés à l'école shorin. En vérité, il est très impressionnant d'observer un homme puissamment bâti exécuter un kata de l'école Shoreï, subjuguant l'observateur par l'expression de sa force absolue. Mais il faut reconnaître qu'il tend à manquer de vitesse. De même, on ne peut s'empêcher d'être très impressionné à la vue d'un homme svelte qui dans des gestes aussi rapides que ceux d'un oiseau en vol, exécute un Kata de l'école Shorin, avec des techniques à la vivacité étincelante, résultant d'un entraînement intensif. Les deux styles développent l'esprit et le corps et l'un n'est pas meilleur que l'autre. Ils ont tous deux leurs points faibles et leurs points forts, et, ceux qui veulent étudier le karate doivent reconnaître ces points et les étudier en conséquence. En plus de ces kata, à la suite de nombreuses années de recherche vouées aux problèmes généraux, j'ai mis au point deux groupes de kata: les kata de taikyoku (taikyoku-no- kata) pour les débutants et les ten-no-kata qui doivent être utilisés dans les combats (kumite). Je recommande que ces kata soient également étudiés avec assiduité. Si l'on considère tous les kata existants, leur nombre est très important. Cependant, comme l'étude des kata n'est pas une fin en soi mais vise plutôt à se forger le caractère et à se discipliner, il n'est pas nécessaire d'en apprendre un très grand nombre sans discrimination. Il est largement suffisant de se familiariser avec les dix-neuf kata suivants et de se limiter à leur pratique intensive. De l'école Shorin, le débutant devra d'abord étudier taikyoku shodan, taikyoku nidan, taikyoku sandan et continuer avec heian shodan, heian nidan, heian sandan, heian yodan, heian godan, bassai, kanku, enpi et gankaku. De l'école Shoreï, on doit étudier tekki shodan, tekki nidan, tekki sandan, jutte, hangetsu et jion. Si on inclut avec ces kata les ten-no-kata comme kata de combat, on obtient je crois, les meilleures utilisations et expressions des divers bons points des kata.